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SORCERER (LE CONVOI DE LA PEUR) de William Friedkin (1977)

LE CONVOI DE LA PEUR de William Friedkin avec Roy Sheider, Bruno Cremer, Franscico Rabal, Amidou…
le convoi de la peur Cinéaste méconnu comparé aux monstres sacrés comme Scorsese, Coppola ou Lucas, William Friedkin réalisa trois films majeurs au cours des années 70 : L’Exorciste, French Connection et donc Le Convoi de la Peur.
Remake du film français Le Salaire de la Peur d’Henri Georges-Clouzot tourné en 1953 avec Yves Montand et Charles Vanel, Le Convoi de la Peur connut un échec retentissant au box-office, ce qui compromettra la carrière de Friedkin et le début de la fin du Nouvel Hollywood parachevé par la sortie de La Porte du Paradis de Michael Cimino en 1980 (en clair la fin d’une certaine réflexion et qualité dans le cinéma américain).

Le film se présente en deux parties. On suit trois hommes qui, à la suite de méfaits divers, sont amenés à fuir leurs pays respectifs : la France, Israël et les Etats-Unis. Ils se retrouvent dans un village sordide en Amérique du Sud où une seule idée les guide : quitter le plus vite possible cet enfer. A court d’argent, une opportunité s’offre à deux : conduire deux camions remplis de nitroglycérine à travers la jungle sud-américaine. Ce qui sous-entend qu’au moindre choc, le camion explose. Malgré le danger de cette mission, les trois hommes acceptent accompagnés d’un quatrième larron.

Difficile de rester de marbre devant cette folie des grandeurs qu’est le Convoi de la Peur . Une scène revient tout de suite en tête durant le générique de fin : le camion essaye de traverser un pont branlant et défraichi, le tout sous une pluie battante. Cette scène de 5 minutes est d’un réalisme et d’une réalisation tellement parfaite qu’on a du mal à en comprendre sa fabrication. A l’heure des effets numériques, on en reste abasourdi. La qualité de la réalisation est proprement hallucinante tant la caméra virevolte entre les personnages et les objets (le camion et le pont) qui apparaissent comme animés digne d’un vrai film d’horreur.

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On parlera assez peu de la première partie qui est une présentation des personnages : un riche banquier français, un petit malfrat new-yorkais et un terroriste arabe. On comprend très vite que ces personnages ordinaires vont être mis à contribution dans une situation peu ordinaire. On oubliera d’ailleurs tout leur passé durant la deuxième partie.
La première force du film se trouve dans ce détail. On se moque de savoir si ces personnages sont des truands à la petite semaine, des escrocs ou des idéalistes. On vibre avec eux, on souffre avec eux, on est dans ce camion et on veut qu’ils s’en sortent. Ils n’échangent d’ailleurs quasi aucune parole durant leur périple funèbre. On les suit, tétanisé, dans leur chemin de mort.
Ces anti-héros chers à Friedkin (dans French Connection notamment) est encore très révélateur d’une époque où l’Amérique, suite à la Guerre du Vietnam était en perte de repères.

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Pour l’anecdote, c’est bien Bruno Cremer, le commissaire Maigret de France 2, qui joue le banquier français. (Notons que Jean-Luc Bideau, le professeur Strauss de H, a un petit rôle)
Suspense insoutenable pendant 45 bonnes minutes, le film se finit sur une scène totalement déchirante mais inévitable.
J-B Coriou

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